mardi 11 décembre 2007

Californication : Romantisme au bordel

Une série qui a fait scandale aux Etats-Unis, ne serait-ce qu’un petit peu, part déjà avec quelques longueurs d’avances sur ses concurrentes, surtout en Europe. Mais la vérité est qu’on est encore très loin de pouvoir faire des séries avec une telle liberté de ton et de scénario sur le vieux continent. Et c’est pas le commissaire Cordier, son collègue Moulin ou même le Grand Journal ou Kaamelott qui vont changer l’affaire.
L’histoire est simple : Hank Moody (un très grand David Duchovny) est un romancier en panne d’inspiration qui a connu naguère un énorme succès avec un livre qui a été lamentablement adapté au cinéma. Séparé de la mère de sa fille, Karen, (Natascha McElhone) pour laquelle il a encore des sentiments, il est aussi accro aux femmes et aux drogues et ne peut s'empêcher de dire la vérité, souvent de manière drôle et crue.
On ne va pas tarder à crier au cliché et on n’aura pas tort. L’écrivain devant la page blanche, séducteur parce que désespéré, cynique et nihiliste. Tout ça serait bien plat si les scénaristes ne réussissaient pas à nous faire entrer dans les phantasmes et les contradictions du héros. Or ils y arrivent et il y en beaucoup, et de très drôle. Tout ça sans compter la très grande performance de Duchovny qui est passé de chercher des extraterrestres à en paraître un. D’accord ça ne rendra meilleur personne et ça ne donne pas beaucoup à réfléchir, mais c’est assez tordant et la façon dont Hank se retrouve dans des situations embarrassantes et, surtout, comment il les gère est bien réussi. De grandes répliques, des vrais problèmes de je m’en foutiste et une panoplie de personnages assez justes (la fille de Hank, Becca, adolescentes rebelles et punk qui passe son temps à donner la réplique ou des conseils à son père; ou Marcy, la femme de Charlie, le meilleur ami et éditeur de Hank, qui voit tout ça avec un peu de distance).
Que les plus pudibonds ne s’inquiètent pas ; ça commence avec beaucoup de seins et de baise mais une fois que le public est con-quis (car c’est le but), ça se calme énormément. De fait, sous la couche de sueur, poils et autres fluides corporels (et il y en une bonne collection) la première saison est en fait une inoffensive dose de moralité et de mièvrerie que l’on consomme inconsciemment. Car le but final pour Hank reste quand même de récuperer la femme qu’il aime encore. Heureusement pour cela il va faire beaucoup de conneries et rencontrer beaucoup de gens, mais bon, c’est un peu le l'objectif non ?
Pour :
-Ceux qui aiment des scènes de culs, des corps nus et des personnages un peu perdus
-Ceux qui aiment les grandes histoires d’amour (pas conventionnelles il faut le préciser)
-Ceux qui aiment la sonorité et l’infinie variété des gros mots en anglais. C’est tout un art
dans cette série (à voir obligatoirement en Vostfr bien sûr)
Contre:
-Ceux qui en ont marre des clichés de l’artiste perdu qui est sauvé par le vrai amour et
dans le fond souffre enormement d’avoir toutes les femmes qu’il veut, une belle
maison, beaucoup d'argent et du temps pour devenir con.

samedi 8 décembre 2007

Studio 60 on the Sunset Street : l’autre côté de la télé


Un des plaisirs à redécouvrir : les séries finis. Contrairement à ce qui passe en ce moment, l’impression qui règne est qu’on ne peut développer indéfiniment et artificiellement les problématiques, que les personnages ont une certaine durée de vie ou ils finissent par ne plus paraître réalistes. C’est la cas pour cette série : 1 saison, 22 épisodes, pas un de plus, pas un de moins.
Studio 60 on The Sunset Strip est une émission de divertissement très populaire Outre-Atlantique qui décide de se renouveler, après un scandale on-line avec l’ancien présentateur, en recrutant Matt Albie (Matthew Perry) et Danny Tripp (Bradley Whitford), deux talentueux scénaristes qui devraient apporter une certaine fraîcheur au show. Pour les aider dans leur tache, et défendre une télévision de qualité, Jordan Mc Deere (Amanda Peet) est nommée directrice de la chaîne (NBS). L’histoire n’est pas magnifique mais on y croit. Les acteurs sont presque tous excellents et une ambiance qui pourrait vite devenir lassante permet de voir les coulisses du petit écran et, surtout, l’amour qu’ont les américains pour le spectacle. On n’est pas là dans le superflu et le divertissement mais dans l’image d’un pays qui se joue dans la qualité de ses programmes.
Rien n’est épargné : les ultra-catholiques, la téléréalité, la presse qui cherche à fouiner dans le passé des présentateurs…et tout cela avec des guest-stars de haut niveau (dont Sting chantant un très beau morceau au luth).
Le réalisateur, Aaron Sorkin, est le même qui a fait la très populaire A la maison Blanche et Perry se débarrasse enfin de son étiquette de ex-Friends et des navets qu’il a fait au cinéma. On aurait souhaité que ça dure un peu plus longtemps mais son charme est peut-être aussi celui du produit limité. Quelques séries devraient peut-être en faire de même.
Pour :
-Ceux qui aiment les belles histoires d’amour
-Ceux qui veulent connaître les illusions sur lesquelles vit l’Amérique
-Ceux qui aimaient Matthew Perry (même ceux qui l’aimaient pas)
Contre :
-Ceux qui n’aiment pas le show biz
-Ceux qui cherchent plus que des relations personnelles